Pour une université démocratique

Accueil > Contributions > Les universités dans les pays européens > Espagne : L’université en développement

Espagne

Espagne : L’université en développement

lundi 15 octobre 2007, par Geneviève Champeau

L’augmentation des effectifs étudiants, le développement de la recherche
placent l’université devant de nouveaux enjeux, démocratiques et de financement.

L’Espagne doit faire face, avec un certain
décalage temporel par rapport à la France,
à une massification de son enseignement supérieur
et repenser ses méthodes d’enseignement.
Elle est en effet passée de 700 000 étudiants
en 1984 à 1 500 000 en 2004. Toutefois,
ces dernières années, un fléchissement des
effectifs aiguise la concurrence. Elle a également
dû adapter ses cursus à la Convention de
Bologne qui les répartit
en trois cycles (Licence,
Master et Doctorat). Dans
ce cadre, les universités
sont soumises à une
double tutelle. Alors que
la décentralisation et la loi
de 1983 les avaient fait
dépendre des Communautés
Autonomes et que chaque université
pouvait déterminer ses cursus propres dans un
cadre fixé par le pouvoir central, les exigences
d’harmonisation européenne renforcent le
contrôle du ministère de l’Éducation qui doit
approuver les maquettes des différentes formations
une fois qu’elles ont reçu l’aval de la
Communauté Autonome. Chaque université
peut, par ailleurs, librement organiser des formations
propres débouchant sur des diplômes
sans reconnaissance nationale.

Alors qu’il existait 34 universités en 1984,
on en compte 61 en 2006, publiques ou
privées.
Anciennes, comme celle de Deusto (Bilbao)
fondée par les Jésuites en 1886… ou récentes, telles l’université Ramón
LLull fondée à Barcelone en 1990 ou
l’université Alfonso X El Sabio fondée à
Madrid en 1993 et tournée vers l’entreprise.

La recherche en expansion

Un des enjeux de l’évolution de l’université
espagnole au cours des dernières décennies
a été le développement
de la recherche. Il a fallu
attendre les années 70
pour qu’elle soit incluse
dans les obligations de
service des enseignants
du supérieur. C’est au
cours de cette décennie
qu’ont été créées au sein
des universités les premières équipes. La loi
de 1983 et celle qui, en 1986, réorganise la
recherche scientifique et technique, lient
étroitement ces deux volets du métier d’enseignant
chercheur. S’en est suivie une importante
augmentation des publications scientifiques
(leur nombre a été multiplié par 600
en vingt-cinq ans). Le financement de la
recherche est mixte. Bien que le financement
public soit de loin le plus important, les
universités publiques peuvent passer des
contrats avec le secteur privé : en 2002,
19,63% du financement de la recherche universitaire
provenait du secteur privé.

Le récent développement des liens entre
l’université et le tissu économique a entraîné
une accentuation de la visée professionnalisante
des formations ainsi que la création
d’organismes destinés à faciliter l’établissement
de contrats entre université et entreprise,
les Oficinas de Transferencia de tecnología
y conocimiento. Bien que leur
volume ait augmenté de 9% en 2004, il
reste encore à l’Espagne un net retard à
combler par rapport à la moyenne européenne
en matière de transferts de technologies
et l’innovation [1].

Mobilité étudiante

La participation de l’Espagne aux programmes
ERASMUS s’est soldée en 2004
par le départ de plus de 21 000 étudiants
pour des universités européennes et vers un
nombre égal d’inscriptions dans les universités
espagnoles d’étudiants étrangers.


Geneviève Champeau est professeur d’espagnol, à l’université Bordeaux 3.


[1Les informations reproduites dans cette rapide
présentation proviennent d’un rapport intitulé
« Universidades en cifras 2006 », un des rapports
bisannuels réalisés par la Conférence des Présidents
d’universités espagnoles (Conferencia de
Rectores de las Universidades españolas). Il est disponible
sur le site universiauniversidades