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Irlande et Grande-Bretagne

Deux questions à Imelda Eliott, Professeur d’Anglais, université du Littoral

lundi 15 octobre 2007, par Rédaction du mensuel "Le snesup"

Lors du Colloque « Mutations
dans l’enseignement
supérieur en Europe »
organisé l’année dernière
à Boulogne, des chercheurs
belges ont montré
que le processus de
Bologne avait permis aux gouvernements
d’imposer une modification en profondeur de
l’Enseignement Supérieur, au lieu de la
construction annoncée d’une « harmonisation
européenne ». Cela te semble-t-il vrai
pour la Grande Bretagne et l’Irlande ?

Ces chercheurs ont eu raison, mais les choses
sont un peu différentes pour la Grande
Bretagne et l’Irlande, dans la mesure où le
processus de Bologne met en place pratiquement
le système anglo-saxon, qui existe déjà
dans les îles britanniques.

En Irlande

Deux universités technologiques (d’abord
instituts devenus universités en 1973 et
1989) très bien financés et cinq autres
générales (fondamentales et appliquées).

En France, on reproche souvent à l’université
de ne pas préparer aux métiers. Pour moi qui
travaille dans une université nouvelle, il me
semble qu’on s’occupe de préparer les jeunes
au métier, et c’est déjà le cas dans les îles
britanniques. En Irlande, la licence est considérée
comme un niveau et quel que soit le
type d’étude les étudiants peuvent ensuite
faire un master. Ils ne sont pas obligés d’étudier
des choses très pointues comme c’est un
peu la tendance actuellement en France. On
estime que l’élévation générale du niveau de
formation a contribué à l’essor de l’économie
et qu’une formation générale solide est vraiment
importante en plus des compétences
professionnelles.

Une des caractéristiques de la nouvelle loi
LRU en France est le désengagement de l’État.
Comment se pose la question des financements
en Grande Bretagne et en Irlande ?

Les institutions et les universités ont une
certaine autonomie même s’ils obtiennent leur
financement de l’état. Mais ils ont aussi
d’autres sources de financement. En Irlande,
toutes les universités ont leur fondation et
c’est une façon de récupérer de l’argent d’anciens
étudiants qui ont réussi, avec des avantages
fiscaux pour les donateurs. Il y a des
mécènes irlandais, américains, qui donnent à
ces fondations. Les étudiants sont pratiquement
exemptés des frais d’inscription pour les
3 premières années et ce, depuis 1995. Il y a
des bourses pour les étudiants défavorisés.
En master les frais de scolarité sont relativement
élevés mais on peut les déduire des
impôts. Les entreprises paient quelquefois des
frais de scolarité pour leurs employés.

Quant aux diplômes, ils sont relativement
indépendants. Les universités ont une autonomie pour leurs diplômes, c’est la différence
avec la France. Quand on veut mettre en
place un double diplôme, on est obligé d’attendre
l’autorisation du ministère à Paris, l’université
anglaise, elle, peut décider de son
diplôme (ce n’est pas vrai pour les universités
technologiques, qui dépendent de l’État).
En Irlande, les personnes qui travaillent à
l’université sont assimilés aux fonctionnaires,
elles ont pratiquement les mêmes droits que les
titulaires. La plupart sont titulaires de leur
poste, et sont relativement bien protégés.
Dans les îles britanniques, l’élite se forme à
l’université : ingénieurs, médecins, architectes,
enseignants, cadres, futurs ministres, hauts
fonctionnaires... De ce point de vue, la France
fait figure d’exception par rapport à la majeure
partie de l’Europe occidentale. En France, les
universités, ne formant pas l’élite, n’ont pas les
financements pour l’élite, à la différence des
pays anglophones.