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Les perspectives de lutte contre la loi

Incidences de la loi sur la vie universitaire et la recherche

mardi 25 septembre 2007, par Sylvie Pittia, Université de Reims, Responsable du Secteur Recherche du Snesup-FSU

Résumé de l’intervention

Au moment où, pour la majorité politique, science et recherche sont réduites à technologie et innovation, où la science doit entrer dans le circuit de production et de création immédiate de richesse, où la science « qui coûte » est dénoncée du doigt (cf. assimilation du patient à l’hypocondriaque, cf. diagnostic et prévention pour santé uniquement considérés en terme de coût et de déficit public).

C’est le moment où le pouvoir politique tend à considérer comme seuls interlocuteurs des experts scientifiques qu’il nomme lui-même ou à la rigueur des associations (SLR ou conféd. jeunes chercheurs par ex.), donc moment où le SNESUP doit reconstruire sa place, sa légitimité, sa crédibilité sur l’ensemble des sujets intéressant la recherche, et ce dans tous les domaines de la connaissance.

Dans ce cadre, il est nécessaire que les LLSHS se fassent mieux entendre non seulement vis-à-vis des pouvoirs publics, mais aussi au sein même de la communauté scientifique… et même du syndicat. Certains domaines épistémologiques ne « pèsent » pas assez faute d’un engagement assez fort des collègues appartenant à ces disciplines, invitation lancée aux collègues LLSHS à occuper plus l’espace de la vie militante et syndicale pour influer sur les prises de position (cf. le débat sur la durée des études doctorales par ex.).

Il est nécessaire de resituer les discussions loi LRU dans un processus chronologique plus long, avec le Pacte recherche antérieurement et, à venir, d’autres chantiers, comme celui lancé à la hâte sur les jeunes chercheurs. Phase qui est paradoxalement celle des transformations brutales mais cette brutalité est inscrite dans la durée car les transformations affectent tous les secteurs de la vie universitaire, successivement. Ne pas croire que c’est un unique « mauvais moment à passer ».

La communauté scientifique est, de façon délibérée, placée la tête sous l’eau : avalanche d’enquêtes, de dossiers, de rapports, de fiches… Épuisement et dispersion dans des tâches administratives entrent aussi dans une stratégie d’anesthésie de la communauté universitaire.

Il est indispensable de réfléchir à la place nouvelle faite par la loi LRU aux chercheurs dans les conseils (art. 24) : clairement, incidences très différentes dans les établissements pluridisciplinaires avec gros secteur sciences et santé.

Les nouveaux rôles des Conseils scientifiques : cf. mutations des enseignants chercheurs (art. 8), intégration des autres fonctionnaires dans le corps des enseignants chercheurs, recrutement ATER… Quid des chargés de cours ? Cas non réglé. Et aussi quel rôle face à la « modulation » des services ? Il faut peser localement sur l’élaboration de critères.

La vigilance est nécessaire dans les discussions préalables sur les modifications de statuts : investir ces commissions, peser sur les décisions (y compris celles pour le calendrier des nouvelles élections). Un des moyens de mettre en échec la loi LRU, pour dénaturer ses dispositions, pour subvertir ses finalités. Cf. exemple des commissions de recrutement ad hoc. Il faut porter haut la revendication de parité rang A / rang B, car cette obligation n’est plus dans le texte de loi.