Motion Formation des enseignants du Centre de Recherches Poétique et Histoire Littéraire

Le Centre de Recherches Poétiques et Histoire Littéraire de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour déplore les conditions de précipitation dans lesquelles est mise en œuvre la réforme des concours de recrutement et de la formation des enseignants.

Il s’inquiète particulièrement des conséquences impliquées par la circulaire du 17 octobre 2008 concernant la « campagne d’habilitation de diplômes de master pour les étudiants se destinant aux métiers de l’enseignement ».

Il constate que la circulaire, tout en laissant aux masters de recherche tels qu’ils existent actuellement la possibilité de subsister, crée à côté d’eux une nouvelle catégorie de masters préparant aux « métiers de l’enseignement » et comportant, parmi « 4 ou 5 composantes » (p. 4, n°4 ; vraisemblablement quatre pour ce qui est des lettres) une partie « recherche » permettant ensuite de préparer un doctorat.

Or dans un programme aussi chargé, il est évident que la recherche serait réduite à très peu de chose, sauf à substituer à la recherche proprement scientifique la didactique et les sciences de l’éducation, ce qui s’articulerait mieux avec le reste du programme.

Dès lors, en proclamant faussement (n°3) que ces masters comportent une « authentique formation à la recherche », la circulaire invite les universités à construire des masters qui feront concurrence aux master de recherche proprement scientifique existants, ce qui, malgré les vertueuses protestations de la p. 1, contribuera à « rédui[re] le vivier des chercheurs appelés à poursuivre formation et recherche au-delà du master ».

Par ailleurs, une conséquence particulièrement nette pèse sur le niveau de recrutement de l’agrégation. Si la préparation de celle-ci devait s’étendre désormais sur deux ans, il est facile de prévoir que cela s’effectuerait au détriment du mémoire de recherche et des séminaires qui font actuellement l’essentiel du master I. Ainsi disparaîtrait une des caractéristiques de l’agrégation, qui est d’être un concours faisant suite en principe, sauf pour les titulaires du CAPES, à une année pleine de recherche scientifique.

Pour toutes ces raisons, et sans préjuger des observations qui pourraient être faites sur la maquette des concours et les menaces que la mastérisation de la formation des maîtres fait peser sur les concours nationaux, le Centre de Recherches Poétiques et Histoire Littéraire demande instamment au Ministère que cette réforme soit reconsidérée et fasse l’objet d’un moratoire.