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SNCS Hebdo

Le ministère impose son projet : un CNRS à 4 vitesses morcelé entre instituts et départements

lundi 16 juin 2008, par Jacques Fossey, Patrick Monfort

À la veille du conseil d’administration du 22 mai qui devait discuter du projet de plan stratégique, la
ministre Valérie Pécresse annonçait au journal Le Monde le découpage du CNRS en 6 instituts nationaux excluant les sciences de la vie et l’informatique. La mobilisation de la marche de tous les savoirs du 27 mai a montré que les personnels de la recherche rejettent massivement un tel projet qui
conduit à terme au démantèlement du CNRS. La ministre a demandé aux syndicats de la rencontrer à
partir du 9 juin. Sans attendre ces rencontres, elle impose au CNRS sa réforme qui a été envoyée aux
administrateurs le 6 juin !

Le plan stratégique, qui vient d’être envoyé
aux administrateurs du CNRS pour le conseil
d’administration (CA) du 19 juin, rend les
instituts nationaux responsables d’un champ disciplinaire
en partenariat avec les autres acteurs. Son
directeur est nommé par le ministre en charge de la
Recherche après un appel international et un processus
type « search committee ». Ces instituts
nationaux sont créés par le ministre chargé de la
Recherche lorsque le CNRS démontre sa légitimité
à être coordonnateur principal d’une politique nationale.
Dans le cas contraire, les départements scientifiques
sont maintenus pour les disciplines qui peuvent
être coordonnées par d’autres acteurs.

Un document annexe fourni aux administrateurs
présente un point d’étape de la politique du CNRS
sur les instituts nationaux. Il annonce un CNRS à 4
vitesses composé par les :
- instituts nationaux déjà existants : INSU et IN2P3
- 4 champs thématiques pouvant devenir instituts
nationaux (IN) supplémentaires : IN des mathématiques
et leurs interfaces, IN de physique et nanosciences,
IN de chimie, IN d’écologie et biodiversité
- 2 champs thématiques qui ne peuvent être pilotés
par le CNRS seul : département des sciences du
vivant, département des sciences et technologie de
l’information et de l’ingénierie
- champs thématiques qui doivent d’abord se
structurer : département des sciences humaines et
sociales.

Devant un tel projet, la volonté de démantèlement
du CNRS est bien une réalité. D’une part, 6 instituts
nationaux sur le modèle de l’INSU. Dans ce modèle,
il existe un conseil scientifique sans élus directs par
leurs pairs, et un conseil de l’institut (même rôle
qu’un CA) dans lequel siège le ministère. Ces instituts
seront bien pilotés directement par le ministère.

D’autre part, 3 départements scientifiques sont
maintenus qui représentent plus de la moitié des
personnels du CNRS. Deux (SDV et STIC) seront
pilotés par les autres EPST concernés (INSERM,
INRA, CEA, INRIA). Enfin, SHS, « dont on ne sait
pas trop quoi faire », reste département scientifique : dans l’attente d’être transformé en institut ou
d’être mis dans les bras de l’université ?

C’est bien la mort du CNRS qui se prépare. La ministre
nous fait le jeu de la concertation en nous
invitant à discuter avec elle. Mais de quoi pouvonsnous
discuter alors que les décisions sont prises et
annoncées ?

Le SNCS-FSU refuse d’aller discuter avec la ministre
devant une telle mauvaise foi. Il appelle tous les
personnels de la recherche et de l’enseignement
supérieur à venir empêcher la tenue du CA du
19 juin au siège du CNRS à Paris, et en régions, à
bloquer les délégations régionales.


Patrick Monfort est membre du bureau national du CNRS et élu au conseil d’administration du CNRS
Jacques Fossey est membre du bureau national du SNCS et administrateur du CNRS