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Italie

De Berlusconi à Prodi

lundi 15 octobre 2007, par Joëlle Casa

La période du gouvernement Berlusconi

Durant la période 2004-2006, l’université
publique a subi des attaques sévères, ayant
pour but de l’asservir aux injonctions gouvernementales
et
patronales, de financer
prioritairement les
universités privées.
On estime à 17% la
chute du financement
des universités publiques
durant cette
période. Cette réduction
de l’engagement
de l’État a obligé les
universités à chercher de nouvelles sources
de financement notamment privé, dommageable
pour de nombreux secteurs de l’enseignement
et de la recherche, pour la liberté
académique. Le « projet », le « contrat », associés
au financement privé, sont devenus la
nouvelle Bible.

Dans le même temps l’absence de créations
de postes a poussé les universités à embaucher
des enseignants et des chercheurs précaires.
Actuellement, en Italie, il y a pour
57 000 enseignants et/ou chercheurs « permanents », environ 40 000 contractuels avec
un fantastique éventail de contrats privés,
variables dans la durée, dans les rémunérations
(dans la plupart des cas les salaires ne
dépassent pas 800€ par mois !). Ces contractuels
« sautent » d’un contrat à l’autre pendant
des années, même s’ils restent dans le même
département, le même laboratoire.

La recherche aussi a subi des coupes
sombres ; la plupart des
institutions n’ont que le
minimum.

En 2005, la loi, présentée
par la ministre Moratti [1],
a déclenché un mouvement
sans précédent en
Italie, soutenu par les
syndicats, impliquant
massivement les personnels,
les étudiants et jusqu’à
la conférence des Recteurs. Il est juste de
dire que les politiques de l’école, de l’université
et de la recherche ont contribué à la défaite
de M. Berlusconi aux élections de 2006.

La période du gouvernement Prodi

Après juin 2006, quelques bonnes décisions
furent prises : l’ouverture d’universités privées
fut bloquée, l’Italie appuya la création du
Conseil européen de la Recherche, ratifia
l’accord européen concernant le recherche
sur les cellules « souches »…

Mais bientôt tout sembla gelé. Dans la loi de
finances pour 2007, on découvrit une nouvelle
diminution du budget de l’enseignement supérieur
et de la recherche. Nous savions l’état
désastreux des finances laissé par le gouvernement
précédent mais avons considéré inacceptable
de faire des économies dans des secteurs
porteurs d’avenir, demandant un fort
investissement public, comme l’éducation et la
recherche : nous avons, syndicats des universités
et de la recherche, appelé à une grève
nationale contre la loi de finances.

Nous avons obtenu quelques points positifs :
la transformation d’emplois précaires en postes
permanents et un financement (cependant
insuffisant) pour ouvrir au recrutement des
postes dans l’enseignement et la recherche
pour les jeunes chercheurs.

En juin 2007 les syndicats et le gouvernement
ont signé une « Entente pour une action
publique soutenant la Connaissance ». Ce
document marque une véritable inversion de
tendance vu que, pour la première fois, les
choix de la politique dans la définition des programmes
deviennent prioritaires et précèdent
les vérifications de compatibilité économique
du ministère des finances.

Enfin, en août 2007, le « Pacte pour l’Université » a été signé par les ministres de l’université
et des finances ; il fait partie du « Livre
vert » du ministère des finances depuis septembre
2007.


Joëlle Casa est secrétaire nationale de la FLC CGIL,
Fédération des Travailleurs de la Connaissance, Département Politiques européennes.


[1Il s’agissait notamment de faire disparaître en
tant que fonctionnaires, disposant d’un emploi
permanent, le « niveau 3 » des enseignants et
chercheurs ; 20 000 personnes étaient directement
touchées.