Accueil > Actions > Intervention du Snesup à la conférence de presse du 23 juillet
SNESUP
Intervention du Snesup à la conférence de presse du 23 juillet
Conférence de presse du 23 juillet 2007
lundi 23 juillet 2007, par
Rendre plus efficace sur tout le territoire et par le rôle conforté de tous les établissements du supérieur, notre système universitaire public, c’est le contraire du statu quo : c’est l’engagement déterminé d’une large part de la communauté universitaire. Ce qui anime les majorités diverses qui dans des dizaines d’université appellent le gouvernement à retirer son projet de loi.
Le XXIème siècle sera plus que les précédents celui de l’accélération des recherches dans tous les champs de la connaissance, il doit être celui de leur partage pour le devenir collectif de l’humanité.
Les universités sont donc un enjeu considérable. les débats autour des questions universitaires ne peuvent se cantonner aux universitaires, aux Présidents, aux étudiants, aux responsables politiques.
L’expression syndicale, en particulier celle du SNESUP, est loin d’être marginale dans le monde universitaire, son impact, ses liens, vont bien au-delà. L’histoire l’a montré durant la guerre d’Algérie, en 1958, et plus près de nous lors de précédentes tentatives gouvernementales de passage en force (Devaquet, Ferry) sur l’organisation universitaire.
L’originalité du syndicalisme universitaire est qu’il entremêle aux revendications statutaires et salariales des réflexions, aspirations et propositions qui naissent au coeur même des champs intellectuels que les universitaires travaillent : économie de la connaissance, nouvelle organisation mondialisée des échanges, démocratie à l’âge de l’internet, défense de toutes les libertés.
Il est donc naturel que le SNESUP soit l’hôte de la Conférence de Presse associant un éventail inédit d’organisations et d’associations tournées vers la défense des libertés. Bienvenue à toutes et à tous, représentants d’organisations, comme journalistes, vous aussi au coeur des enjeux de liberté intellectuelle.
La France a besoin d’un enseignement supérieur étroitement associé à tous les lieux d’élaboration des savoirs, en relation avec les établissements assurant les mêmes missions en Europe et dans le monde, en résonnance avec les interrogations portées par le monde économique et social et par les citoyens.
Ces missions doivent être nécessairement régulées et financées par l’Etat, garant d’une vision prospective stratégique de longue portée, sous le contrôle du Parlement ; elles relèvent du service public. Elles associent recherches fondamentales, recherches finalisées ainsi que les formations initiale et continue au sein de parcours tous porteurs d’une logique professionnalisante. Elles incluent, sous toutes les formes, la diffusion et la valorisation des savoirs. Afin que tous les établissements concourent à l’objectif de diplômer 50% d’une classe d’âge au niveau licence, un considérable et double chantier doit être ouvert : celui de l’orientation –ni »
« tubulaire » ni déterministe- comme celui de la reconnaissance effective des qualifications par les employeurs, reconnaissance sans laquelle le « contrat social » de l’enseignement supérieur ne tient pas.
Tous les cycles d’enseignement L, M et D doivent être rendus clairement accessibles aux titulaires des diplômes requis. Toutes les années de formation comportent des enseignements réellement en phase avec l’état récent des recherches, et c’est dans cet esprit que se construit le rapprochement vers un système universitaire rénové et diversifié de l’ensemble des formations post-bac aujourd’hui dispersées ( CPGE, Ecoles, formations paramédicales et de gestion,…).
L’un des enjeu de l’été, porte sur le signal fort que nous, universitaires, souhaitons voir adresser aux centaines de milliers de jeunes qui, reçus au baccalauréat ces jours-ci vont s’inscrire dans les filières post-bac. Des passerelles entre cursus, des modules de remise à niveau, des groupes de TD à effectifs adaptés, des possibilités de conseils individualisés,… en bref un monde universitaire plus ouvert, plus lisible pour les jeunes et leurs familles. Cela ne peut se faire sans des moyens nouveaux promis par le président de la République qui aujourd’hui diffère, pour le moins, ses engagements. Annoncer 1 milliard supplémentaire par an et, alors qu’élu le 6 mai 2007, demander d’attendre septembre 2008 et les éventuels effets de la loi de finances, c’est se moquer des gens !
Les cohérences historiquement et dynamiquement construites au sein des disciplines qui ont fait et élargi la tradition universitaire fondent une organisation des établissements sur la collégialité démocratique. Le projet de loi avancé par le gouvernement prend à rebours ces exigences qui sont celles de la quasi-totalité des universités au monde. Les dispositifs de recrutement des enseignants-chercheurs, outre qu’ils introduisent un droit de veto exorbitant entre les mains d’un président qui lui-même peut être totalement étranger au monde de la recherche et de la formation, minorent les spécialisations et compétences scientifiques éprouvées et validées par les communautés scientifiques. Peut-on devenir universitaire sans être avant tout mathématicien, linguiste, philosophe, juriste,..? Le projet de loi prétend que oui. Très largement, et bien au-delà des inclinaisons syndicales, les collègues disent non.
Nous voulons, en particulier aujourd’hui, alerter les députés qui ouvrent le débat à l’assemblée, et l’opinion publique sur les inadmissibles et féodales tutelles que le Gouvernement entend instaurer sur l’émergence des savoirs. Le débat, la confrontation scientifique entre spécialistes, tout ce qui nourrit l’élaboration et la validation des savoirs, ne peut être arbitré par un tiers, fut-il Président d’université !!!
Les statuts pour tous les personnels, doivent relever de la fonction publique d’Etat (le recours aux emplois précaires étant proscrit), c’est indispensable pour des missions qui restent de longue haleine tant pour la recherche que pour l’enseignement. Celles-ci redisons-le sont et doivent être mieux encore évaluées, confrontées à d’autres pratiques afin de les améliorer. La France ne souffre pas de trop d’emplois dans nos universités, au contraire, la massification des vingt dernières années s’est effectuée à un rythme comparable à celle des pays voisins avec bien moins de recrutements.
Rendre plus efficace sur tout le territoire et par le rôle conforté de tous les établissements du supérieur, notre système universitaire public, c’est le contraire du statu quo : c’est l’engagement déterminé d’une large part de la communauté universitaire. Ce qui anime les majorités diverses qui dans des dizaines d’université appellent le gouvernement à retirer on projet de loi.
Jean Fabbri
Maitre de conférences de mathématiques, université de Tours,
Secrétaire général du SNESUP-FSU