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Pétition

Appel de l’Université de Paris 13

mercredi 28 novembre 2007, par Marc Champesme

Appel/pétition à l’initiative du comité de mobilisation des personnels de Paris 13. Cet appel à pour objectif de montrer l’implication des personnels dans la mobilisation contre la LRU.

Nous, enseignants, chercheurs et personnels administratifs de l’université de Paris 13, nous déclarons opposés à la loi Libertés et
Responsabilités des Universités, dite d’ « Autonomie ». Nous ne nous reconnaissons pas dans le soutien quasi sans faille de la Conférence des
Présidents des Universités (exprimé au mépris des nombreuses motions des conseils condamnant cette loi). Certes, l’université est en crise et
le statu quo ne saurait nous satisfaire, mais loi LRU n’apporte pas de réponses aux difficultés réelles de l’université. Plus grave encore, elle
en créera de nouvelles : elle accroît les inégalités entre les établissements et s’attaque à la notion même de service public de l’enseignement
supérieur et de la recherche. Nos critiques s’articulent autour de trois axes :

CONCENTRATION DES POUVOIRS : la loi LRU offre au président d’université un arsenal de dispositions qui renforcent ses pouvoirs.
Démocratie et collégialité sont menacées par la réduction du rôle du Conseil Scientifique et Conseil des Etudes et de la Vie
Universitaire
, qui ne seront plus que « consultés ». Le recrutement ne sera plus assuré par des commissions de spécialistes mais par
des comités de sélection ad hoc désignés par le président, et dont les membres n’émaneront plus exclusivement du champ
disciplinaire concerné. Censés remédier au « localisme » qui affecte beaucoup de recrutements actuels, ces comités de sélection ne
feront pourtant que renforcer les logiques de clientélisme tout en perdant en légitimité scientifique et en collégialité. Le président
aura en outre un droit de veto sur les décisions finales de ces comités.

RECOURS AU FINANCEMENT PRIVÉ : la loi LRU l’encourage par le biais de fondations qui géreront des dons d’entreprises privées ou
de particuliers, des réductions d’impôts étant accordées pour un montant représentant 60 à 66% des dons. Dans le même temps, le
budget 2008
confirme le désengagement de l’Etat : les montants alloués au Crédit Impôt Recherche augmentent massivement afin de
financer la recherche privée, aucune création de postes n’est envisagée. Que ce soit par ces réductions d’impôts ou par le Crédit
Impôt Recherche, l’Etat laisse ainsi des intérêts privés répartir, sans aucun contrôle, une partie significative du budget de la nation
consacré à l’enseignement supérieur et la recherche. Ce choix de financement signifie pour nous que derrière l’annonce d’autonomie
financière des universités se profile en fait la menace d’une perte d’autonomie scientifique et pédagogique face à la logique
utilitariste
des investisseurs privés. La course à ces financements privés instaurera par ailleurs une mise en concurrence
d’établissements - et de formations entre elles en leur sein - alors que tous n’ont déjà pas au départ les mêmes atouts. Ceci
accentuera donc la hiérarchisation, au lieu de tendre à rétablir une équité ainsi qu’oeuvrer à une unification des moyens des
formations post-bac (Classes préparatoires/grandes écoles, universités, IUT, BTS).

REMISE EN CAUSE DES STATUTS DES PERSONNELS : la loi LRU renforce un processus déjà amorcé pour les personnels BIATOS :
individualisation des carrières, arbitraire du pouvoir hiérarchique à travers l’instauration de primes et modulations de service (après
une évaluation sujette à caution). La loi élargit également les possibilités de recrutement de non-fonctionnaires (en CDD ou CDI) et
par là même augmente la précarisation des personnels, notamment des BIATOS, mais aussi des enseignants-chercheurs désormais. Les
présidents en mal de soutien financier ou cherchant à compenser les sommes dépensées pour attirer les « meilleurs » ne manqueront
pas d’être tentés par ces possibilités nouvelles, ou alors d’externaliser certains services de manière à diminuer la masse salariale au
profit du budget de fonctionnement.

Ensemble, nous refusons l’université qui nous est proposée. Nous voulons une université avant tout publique et offrant les mêmes chances de
réussite
à tous. Pour cela, l’Etat doit s’engager à la financer à la hauteur des autres pays de l’OCDE. Nous ne rejetons ni la
professionnalisation ni la nécessité d’entretenir des liens avec le monde du travail mais selon nous, l’université ne doit pas assujettir ses
missions aux demandes fluctuantes des investisseurs privés et des employeurs. Elle doit rester un lieu de diffusion des savoirs et de la
connaissance, de développement de la recherche
, ainsi qu’un lieu d’émancipation intellectuelle et de promotion sociale.

En conséquence, nous nous engageons et appelons nos collègues de tous statuts à participer activement à la mobilisation, aux côtés des
étudiants. Nous appelons également à la reprise d’assises de l’enseignement supérieur dans tous les établissements, afin d’associer étudiants et
personnels à la réflexion sur les missions de l’université et ses nécessaires évolutions. La réforme de l’Université ne peut en effet s’envisager
qu’après un large débat impliquant les communautés scientifiques, et au-delà l’ensemble de la société française.

Sauvons l’université et construisons ensemble un autre projet !


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