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Grande-Bretagne

Grande-Bretagne : Recherche et enseignement supérieur une situation contrastée

lundi 15 octobre 2007, par Andrew J. Mayne

Budget global des universités, précarité des enseignants chercheurs et chercheurs,
financement de la recherche sur projet — les rapports officiels eux-mêmes sont critiques…

Au moment où les universités françaises
ont reçu le feu vert pour avoir plus d’autonomie,
il est important de voir comment
nos voisins européens fonctionnent [1].

En Angleterre, il y a deux types d’université :
celles qui font plutôt de la recherche « classique », comme la chimie, l’ingénierie, l’histoire,
les langues, etc., et celles qui pourvoient
des diplômes pour des vocations
ciblées comme la mécanique, l’électronique,
la cuisine, l’agriculture, etc. Ces dernières
avaient la dénomination « polytechniques »
mais depuis vingt cette distinction n’existe
plus et les différences ont beaucoup diminué.
La recherche publique est faite dans les universités,
qui reçoivent de l’argent de plusieurs
sources : les conseils de l’enseignement supérieur,
les conseils de recherche et puis de l’extérieur,
notamment de l’Europe, des fondations
culturelles anglaises et de l’industrie.
Dans les deux premiers cas, l’argent vient
de l’Etat mais les conseils sont indépendants
dans leur manière de dispenser l’argent. L’argent
reçu du conseil de l’enseignement supérieur
finance une partie des salaires et du
fonctionnement. Par contre, l’argent venant du
conseil de recherche est utilisé pour les projets
et les contrats pour des chercheurs temporaires
comme les post-docs.

L’exemple d’Imperial College

Gouverné par trois conseils d’administration — le conseil (finance), le court (intérêt général),
et le sénat (académique) — le collège est tenu par les 7 principes d’une institution publique :
altruisme, intégrité, objectivité, responsabilité, libéralité d’esprit, honnêteté et bonne
conduite. En 2006, Imperial College a un budget de 503 millions de livres dont 29% du
conseil de l’enseignement supérieur, 56% du conseil de recherche, de l’Europe et de l’industrie,
et 15% des frais d’inscription des étudiants (12300 étudiants). Cet argent a été dispensé à 56%
pour les salaires (6 600 personnes) et 44% pour la recherche et administration. L’argent pour
la retraite est géré au niveau national pour toutes les universités.

Les universités sont autonomes, c’est-à-dire
qu’elles gèrent entièrement leur budget mais
elles sont assujetties à un nombre de règles
adaptées à des institutions d’enseignement et
de recherche. En particulier, il y a une transparence
totale sur la gestion de l’argent, avec
un audit comme pour n’importe quelle société
privée. Ces universités ne font pas de profits
bien qu’elles puissent investir un certain pourcentage
en bourse, notamment dans les petites
entreprises créées au sein de l’université.

Des modes de financement contestables

Droits d’inscription

En Grande Bretagne, pour les 3 premières
années d’étude ils sont de 4500€/an.
Les jeunes peuvent prétendre à un prêt
et le rembourser dès qu’ils sont salariés.
Ceux qui paient des frais de scolarité très
élevés sont les étudiants qui proviennent
des pays hors Union Européenne.

En 2001, il y avait 140000 enseignants-chercheurs
et chercheurs dans les universités du
Royaume-Uni. Parmi eux, 41000 sur des
contrats à durée déterminée, soit une augmentation
de 30% depuis 1995. Seule la restauration-hôtellerie a une proportion de CDD
plus grande ! Premier constat du rapport de la
Chambre des Communes, depuis plus de vingt
ans la part financée par les conseils de l’enseignement
supérieur ne cesse de diminuer. La
conséquence est qu’il y a plus de chercheurs
sur des contrats courts. Cette pratique de financement
sur projet a plusieurs conséquences
soulevées par le rapport. Les avantages avancés
par les partisans de ce système sont : plus
de mobilité pour les chercheurs, pas de risque
financier (celui-ci est supporté par le chercheur…), et une augmentation du volume de
recherche. Mais il y a de nombreux désavantages.
D’abord, un manque de stabilité des carrières — certains chercheurs ont eu des CDD
pendant 20 ans. Un manque de continuité au
niveau des personnels, par exemple une formation
inadaptée des post-docs. Enfin, pour la
recherche même, les contrats courts peuvent
entraîner une perte de valorisation de la
recherche et des gaspillages financiers. Ce
choix de la recherche sur projet est coûteux
pour les universités, administrativement et
académiquement. Malgré quelques timides
améliorations depuis 5 ans, le rapport est
extrêmement critique envers le gouvernement
britannique pour avoir laissé traîner cette situation
ainsi qu’envers les universités pour ne pas
avoir pris soin de leurs chercheurs et puis
envers les conseils de recherche qui financent
les projets selon des règles rigides et
inadaptées à la recherche.