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Le mensuel du SNESUP

Politique Sarkosy : liberticide, inégalitaire, inefficace

N°557 octobre 2007

mardi 16 octobre 2007, par Pierre Duharcourt

Des atteintes aux libertés, aux droits et acquis sociaux au service
d’une politique inégalitaire et inefficace.

Au moment de l’élection présidentielle,
le SNESUP avait alerté sur les
graves dangers que faisaient peser sur le
pays les « politiques sécuritaires et libérales » programmées par le candidat Sarkozy.
Les quelques mois qui viennent de
s’écouler font plus que confirmer ces
craintes : se sont accumulées les atteintes
aux libertés, aux droits et acquis sociaux,
les attaques contre les services publics,
les mesures inégalitaires et la remise en
cause des solidarités.

Attaques contre la protection sociale

En cette période de rentrée, ce sont des
attaques contre la protection sociale qui
prennent le relais : révision des « régimes
spéciaux » de retraite, annonçant de nouvelles
dégradations pour l’ensemble des
retraites du public comme du privé ;
réduction des droits à la santé avec l’instauration
de nouvelles franchises médicales,
qui contribuent pour plus de la
moitié au plan de 1,7 milliard d’économies
supposées nécessaires au « redressement » des comptes de la Sécurité
sociale. Parallèlement, sont imposés des
thèmes de « négociation » sociale, pour
aboutir notamment à la « simplification »
du contrat de travail : le gouvernement
indique à l’avance quelles doivent être
les résultats — conformes aux vœux du
Medef — de ces discussions, se réservant
de légiférer si ne sont pas conclus des
accords conformes à ces orientations.

Le discours de Nantes annonce une
attaque frontale contre les principes de
la fonction publique : la réduction des
effectifs de fonctionnaires et la remise en
cause de leurs statuts allant de pair avec
leur mise en concurrence avec des
contractuels de droit privé.

La discussion actuelle du projet de loi de
finances pour 2008 est « plombée » par le
coût des cadeaux décidés avant les
vacances, qui — en année pleine — dépasse
les 15 milliards d’euros (à titre indicatif,
précisons que la suppression de 22 700
emplois de fonctionnaire représente une
« économie » de 250 millions d’euros !).
Le « paquet fiscal » (bouclier fiscal porté
à 50% des revenus — ce qui revient à
supprimer de fait l’ISF —, suppression
des droits sur 95% des successions,
déduction des intérêts d’emprunts immobiliers)
bénéficie pour plus de la moitié
au dixième des Français les plus riches
(contre une hausse de 2% du salaire des
smicards). Pour minimiser le coût des
exonérations de cotisations et d’impôt
sur les heures supplémentaires (qu’il
estime à 5 milliards), le gouvernement
retient le chiffre des heures supplémentaires
actuelles : c’est dire le peu de cas
qu’il fait de l’efficacité de cette disposition
sur l’offre de travail. Tous les économistes
considèrent que cette mesure
— ne profitant qu’à ceux qui ont déjà un
travail — ne peut que jouer qu’au détriment
du nombre d’emplois.

Ce coût renforce la pression exercée sur
les autres dépenses pour contenir le
déficit et la dette. Le PLF est pourtant
d’un optimisme parfaitement irréaliste,
puisqu’il table sur une croissance du
PIB l’an prochain de 2,25%, alors que
tous les instituts estiment cette croissance,
pour 2008 comme 2007, inférieure
à 2%. La prévision d’un déficit de
2,3% du PIB (et d’une stabilisation de
la dette à 64%) — qui ne pourra pas être
tenue en raison de la faiblesse de la
croissance et donc des recettes — repose
donc sur une compression des
dépenses dont tous les ministères (en
particulier l’enseignement scolaire) sont
victimes. F. Fillon complète les discours
du Président en agitant le spectre de la
faillite de l’État.

Des choix incohérents

Le gouvernement prétend que ses choix
de politique économique permettront
de réaliser un « choc » qui relancera la
croissance, en parvenant rapidement à
un taux de 3%, et donc rétablira les
équilibres internes et externes. Il est
vrai que la morosité actuelle de la
conjoncture est surtout imputable aux
choix antérieurs : la croissance française
est depuis quelques années inférieure
à celle de la moyenne de la zone
euro ; le déficit extérieur revient à des
niveaux records ; le taux de chômage
est nettement supérieur à celui de la
plupart des autres pays, et l’amélioration
récemment constatée est nettement inférieure
aux chiffres qui étaient annoncés.
Mais la nouvelle politique est dans l’incapacité
d’apporter des remèdes. On
associe souvent les « politiques de
droite » à des politiques privilégiant
l’offre (alors que les « politiques de
gauche » privilégieraient plutôt la
demande). Or la politique mise en
œuvre par le gouvernement Sarkozy à
ceci de particulier qu’elle soutient
essentiellement la demande (seules relèvent
du soutien de l’offre des mesures
comme l’encouragement fiscal à l’investissement
dans le PME ou les aides
à la recherche privée), mais avec
comme cible les catégories privilégiées.
Elle est donc non seulement inégalitaire,
mais elle risque d’être parfaitement
inefficace, par rapport aux objectifs
de relance de l’offre et de réduction
des déficits. Les Français ne s’y trompent
pas, comme l’atteste la plongée de
l’indicateur du « moral des ménages ».